Eco-épidémiologie des leptospires endémiques de l'Océan Indien: des bactéries à risque pour les populations humaines
Le projet ECOSPIR vise à étudier les cycles biologiques des leptospires dans notre environnement et à de mettre en évidence des conditions biotiques (liées à la biologie des animaux réservoirs) et abiotiques (échanges inter-îles, conditions environnementales augmentant la contamination) susceptibles de favoriser la transmission de ces leptospires pathogènes à l’homme.
La leptospirose est un problème de santé publique majeur dans les îles de l’Océan Indien qui enregistrent des incidences annuelles parmi les plus élevées au monde. Ce projet s’inscrit donc dans la priorité 3 de la S3, et plus particulièrement dans le cadre de la fiche action n°2 qui concerne la prévention des risques et des pathologies. Les études que nous avons menées sur cette pathologie d’intérêt médical régional majeur ont révélé des cycles de transmission distincts sur les différentes îles de l’océan Indien: Madagascar héberge une incroyable diversité de leptospires pathogènes dont une espèce endémique est à l’origine de 15% des leptospiroses chez l’homme sur l’île voisine de Mayotte; en revanche, à La Réunion et aux Seychelles, la maladie est essentiellement causée par une espèce unique de leptospire d’introduction récente. D’un point de vue opérationnel, les données générées sur ces îles montrent que les rats ne sont pas les seuls animaux impliqués dans la transmission à l’Homme, suggérant au contraire l’implication d’autres animaux réservoirs. Ces études, menées dans un cadre conceptuel « One Health », montrent que l’investigation du compartiment environnemental d’une zoonose permet d’éclairer les cycles de transmission en action dans chaque écosystème et, au-delà, contribuent à orienter les stratégies de contrôle en les adaptant à chaque environnement.
Le projet ECOSPIR se déploie d’une part en milieu naturel (Action 1) en complétant les données environnementales sur des territoires insuffisamment explorés (Comores, notamment), et en décrivant les dynamiques spatio-temporelles de l’infection à leptospire chez les populations naturelles de chauves souris réunionnaises. Ce projet valorise d’autre part la banque de leptospires constituée à la faveur du projet POCT LeptOI et cherche, par la mise en place de nouvelles approches, expérimentales et génomiques, à identifier les gènes responsables de la virulence et de la spécificité d’hôte des leptospires de notre région (Action 2). Au delà de ces retombées d’importance opérationnelle, ce programme ambitieux a permis à l’UMR PIMIT et à ses partenaires d’asseoir voire d’accroitre une expertise reconnue dans l’investigation des maladies zoonotiques dans le cadre conceptuel « One Health ».